En 2050, 22% de la population mondiale aura plus de 60 ans selon les chiffres de l’OMS. C’est 10% de plus qu’en 2000.
Car c’est bien le but de nos sociétés modernes : améliorer notre espérance de vie.
Hygiène, alimentation, accès aux soins, prédiagnostic ou encore technologies, tout est mis en place pour favoriser notre longévité, dans un contexte où paradoxalement la gestion de la séniorité fait débat.
Se pose donc la question de la longévité et de la prévention, sujets dans lesquels les laboratoires pharmaceutiques ont un rôle à jouer pour le bien-vieillir en meilleure santé.
>> Longévité, prévention santé, ou bien-vieillir : de quoi parle-t’on ?
Longévité, prévention santé, prédiagnostic des maladies… les acceptions sont aussi riches que nuancées pour définir ce que l’on peut appeler le bien-vieillir.
Puisque c’est bien de cela dont il est question, contribuer positivement à l’espérance de vie en maintenant des conditions saines et agréables de séniorité.
Si les termes sont contrastés et qu’il est difficile d’identifier une direction, la tendance elle, existe bel et bien et il s’agit d’une réelle opportunité pour les laboratoires pharmaceutiques.
> Médecine de la longévité : la tendance émergente
La longévité désigne la durée de vie d’une espèce, d’un groupe ou d’un individu et il y a aujourd’hui une tendance émergente à pratiquer une médecine de la longévité.
De fait, la littérature s’est emparée du sujet, avec pour le plus récent, le livre du Docteur Christophe de Jaeger paru en Octobre 2023 aux éditions Trédaniel intitulé : médecine de la longévité, une révolution.
L’ouvrage présente la sénescence, ou vieillissement, non plus comme un processus inéluctable, mais comme une "maladie primaire" sur laquelle il est possible d'agir efficacement grâce aux sciences de la longévité. L'auteur expose les stratégies thérapeutiques émergentes visant à ralentir, voire inverser, le vieillissement, et envisage les implications sociétales de ce qu’il nomme comme une révolution.
Et comme beaucoup de tendances, si celle-ci est discrète en France, elle n’en est déjà plus une aux Etats-Unis où le sujet est largement exploité.
Dans le contexte du marché américain, le terme « longévité » fait référence à une industrie vaste et en pleine expansion, centrée sur l'allongement de la durée de vie humaine et l'amélioration de la qualité de vie avec l'âge. On y trouve des produits, de la littérature, des services et technologies qui visent à promouvoir la santé durable (le nombre d'années de vie en bonne santé et actives) et à réduire les maladies liées au vieillissement notamment grâce à la prévention.
> Prévention santé en France, un “mot valise”
Lorsque l’on parle de prévention santé en France, le terme est vaste et surtout utilisé par les mutuelles, les initiatives du gouvernement ou l’assurance maladie. Cela ne lui rend pas forcément justice car il devient cloisonné dans la somme des actions mises en place par les structures publiques pour faire pratiquer un certain nombre d’examens et de tests aux individus, pris en charge par elles.
Pourtant, la prévention santé regroupe l’ensemble des actions et des mesures visant à éviter l’apparition, l’aggravation ou la récidive de maladies. Elle propose aussi de maintenir ou améliorer l’état de santé grâce à des interventions proactives et éducatives.
Mais c’est bien ce terme qui semble le plus proche de cette tendance émergente à anticiper les risques pour la santé, intercepter les maladies et favoriser le bien-être.
Un ensemble de concepts connexes que l’on pourrait regrouper sous l’appellation bien-vieillir, ou prévention santé augmentée, parti que nous prenons au travers de cet article.
> Le bien-vieillir : intervenir avant la maladie
Aujourd’hui, grâce aux progrès technologiques et médicaux, il est possible d’agir avant que la maladie ne se manifeste ou qu’elle devienne grave pour contribuer au bien-vieillir.
Ce que l’on peut appeler une prévention santé augmentée.
Dans cette acception du terme, il s’agit aussi de l’individu qui prend lui-même en charge son interception des maladies sous la houlette du “mieux vaut prévenir que guérir”.
Intervenir avant la maladie est une combinaison de prévention proactive, de détection précoce et de traitements ou auto-traitement rapides. Grâce aux technologies, il est de mieux en mieux possible d’anticiper les risques et d’agir avant que la maladie ne se déclare ou progresse.
Cela permet non seulement d’améliorer la qualité de vie, mais aussi de réduire les coûts liés aux soins curatifs et à l’hospitalisation.
Comment ?
A travers des outils comme les bilans de santé de personnalisés, la génétique ou les biomarqueurs précoces. Grâce aussi au prédiagnostic proposé par l’imagerie médicale avancée, les dispositifs connectés (wearables) ou encore l’intelligence artificielle.
Enfin, le système de santé français s’oriente de plus en plus vers une démarche visant à traiter les patients avant qu’une hospitalisation ne devienne nécessaire. On parle de suivi à domicile, centres de santé ambulatoire, ou téléconsultation et télésurveillance.
Et ce qui n’est aujourd’hui qu’une tendance, est l’opportunité de demain pour les laboratoires pharmaceutiques. Longévité, prévention santé augmentée ou encore interception de la maladie, le bien-vieillir est résolument le segment vers lequel il faut se tourner pour identifier de nouveaux projets innovants à mission et de nouveaux modes d’adressage de leur cible finale.
>> Pourquoi le bien-viellir est une opportunité pour les laboratoires pharmaceutiques ?
Les laboratoires pharmaceutiques jouent un rôle clé dans la promotion de la longévité et du bien-vieillir et leur intervention se situe à plusieurs niveaux : recherche, prévention, diagnostic, traitement et innovation.
Un rôle renforcé par le contexte dans lequel évolue notre système de santé.
En effet, l’hôpital public est en crise, crise aggravée par la pandémie. Malgré un plan de sauvetage de 20 milliards d’euros, la baisse du nombre de lits de 25% depuis 20 ans traduit un contexte compliqué qui contraint le système de santé en France à opérer une mutation nécessaire.
> Le système de santé en France : une mutation nécessaire
Autrefois considéré comme l'un des meilleurs au monde, le système de santé français traverse une crise accentuée et mise en lumière par le contexte Covid. Les hôpitaux publics sont particulièrement touchés, avec des signes alarmants comme le nombre de postes vacants entraînant des fermetures de lits, l’augmentation des départs en cours de carrière et des difficultés de recrutement. Une situation exacerbée par la saturation des urgences et qui ne risque pas de s’améliorer du fait justement de l’allongement de la durée de vie humaine.
Donc le renforcement des mesures de prévention augmentée pour le bien-viellir, telles que les bilans de santé personnalisés, les dépistages précoces et l'adoption de modes de vie sains, peut significativement réduire l'incidence des maladies chroniques et des affections “évitables” sur la charge de l’hôpital.
Car elles permettent de diminuer la fréquentation des services hospitaliers pour des pathologies qui auraient pu être prévenues, ce qui contribue à améliorer la qualité des soins pour les patients nécessitant une prise en charge urgente ou spécialisée.
Et en 2018, le gouvernement français a d’ailleurs lancé le plan "Priorité prévention", un projet interministériel pour améliorer la santé de la population en abordant tous les aspects, qu'ils soient environnementaux ou comportementaux, et en couvrant les différents âges de la vie.
Pour finir, en investissant dans la prévention santé augmentée et le bien-vieillir, il est possible de réduire la pression sur les hôpitaux, d'améliorer la santé globale de la population et d’encourager l'efficacité du système de soins en France. L’opportunité est indéniable.
> Les facteurs de longévité actuels pointent vers le bien-vieillir
Les facteurs de longévité actuels sont les facteurs qui contribuent à vivre plus longtemps tout en maintenant une bonne qualité de vie, et permettent d’assurer le bien-vieillir. Parmi les plus connus :
- Les facteurs biologiques : préserver son capital santé en anticipant les risques liés à l’hérédité, aux inflammations chroniques et à l’équilibre hormonal.
- Les facteurs environnementaux : maintenir un cadre de vie sain en soignant la qualité de l’air, l’exposition au soleil et en garantissant un accès aux soins préventifs de manière précoce.
- Les facteurs comportementaux : adopter des habitudes saines à travers une alimentation équilibrée souvent complémentée, une activité physique régulière, une bonne qualité de sommeil et éviter les comportements à risque (tabac, alcool, drogues).
- Les innovations médicales et technologiques : via le dépistage précoce de pathologies, la médecine préventive personnalisée ou encore la recherche sur les sénolytiques (médicaments éliminant les cellules sénescentes) ou la thérapie génétique.
Système de santé en mutation et facteurs de longévité toujours plus nombreux, sont des arguments en faveur d’une posture assumée des laboratoires pharmaceutiques dans l’équation du bien-vieillir. Car les opportunités sont nombreuses pour de grands groupes français qui souhaitent faire la différence en remplissant leur mission.
>> Quatre leviers du bien-vieillir à explorer pour les laboratoires pharmaceutiques
En plus de leur proposition de valeur actuelle, comme la vaccination ou les médicament de prévention, les laboratoires pharmaceutiques ont un rôle à jouer dans la démarche du bien-vieillir.
En effet, ils sont les seuls à disposer des ressources, des compétences et de la capacité d’innovation requise pour proposer des solutions de longévité pérenne. Leur contribution va au-delà de la fabrication de médicaments.
Alors quelles sont les opportunités offertes par le bien-vieillir pour les laboratoires pharmaceutiques ?
> La Recherche et Développement de traitements innovants
La R&D de traitements innovants fait partie du métier des laboratoires pharmaceutiques. Dans le cadre du bien-vieillir, les opportunités sont particulièrement sur :
- Les maladies chroniques liées à l’âge comme les maladies cardiovasculaires, le diabète, l’arthrose et les cancers.
- Les pathologies neurodégénératives : Alzheimer, Parkinson parmi les plus connues.
- La régénération cellulaire avec les thérapies à base de cellules souches.
- Les médicaments anti-âge par le développement de molécules capables d’agir directement sur les mécanismes biologiques du vieillissement, comme les antioxydants puissants ou les régulateurs des télomères.
> Le développement de technologies de prévention et de diagnostic précoce
Les biomarqueurs en sont le meilleur exemple. Ils permettant de détecter précocement les pathologies avant l’apparition des symptômes. Et parmi les technologies de prévention et de diagnostic précoce, on dispose aussi
- De tests de dépistage : détection précoce des cancers (mammographie, dépistage du cancer colorectal, tests sanguins).
- De tests génétiques : évaluation des prédispositions génétiques à certaines maladies pour adapter les comportements et traitements.
L’enjeu pour les laboratoires pharmaceutiques avec les biomarqueurs par exemple, pourrait être de rentrer dans une logique de suivi des patients. Ce qui entraînerait une façon de traiter et de prescrire, différentes.
> La production de traitements chroniques et palliatifs
Le vieillissement s’accompagne souvent de maladies chroniques nécessitant une prise en charge prolongée. Les laboratoires peuvent activement participer :
- Via des médicaments pour mieux gérer les maladies chroniques (hypertension, diabète, insuffisance cardiaque).
- Des thérapies ciblées comme les traitements personnalisés qui visent des mécanismes précis au sein de l’organisme afin de réduire les effets secondaires.
- Des solutions palliatives dans le but d’améliorer la qualité de vie des patients atteints de maladies incurables ou en fin de vie.
> Identifier un nouvel acteur : l’utilisateur final
La notion de prévention santé augmentée ou de bien-vieillir implique un changement de paradigme au niveau des utilisateurs finaux. Si la prévention est l’apanage traditionnel des institutions publiques dans beaucoup de pays développés, le bien-vieillir devient un enjeu individuel et responsabilisant pour l’individu à titre personnel.
Chacun peut s’occuper de sa santé en prévention et par ses propres moyens.
L’objectif pour les laboratoires pharmaceutiques est donc de développer des traitements innovants qui vont toucher un large public et de contribuer à modifier les comportements et les habitudes pour aller vers ce nouveau modèle économique où l’utilisateur final est le payeur.
>> Longévité et bien-vieillir, un levier stratégique pour les laboratoires pharmaceutiques
Le vieillissement de la population mondiale est inéluctable et la mutation nécessaire du système de santé nécessaire. Le bien-vieillir est un enjeu en devenir.
Qu'il s'agisse d’investir dans la recherche de traitements innovants, de développer des technologies de diagnostic précoce ou de proposer des solutions de prévention augmentée, le rôle des laboratoires pharmaceutiques est clé pour accompagner cette évolution sociétale.
En s’engageant dans cette démarche, ils contribuent à redéfinir la notion même de santé et de longévité.